Grece

 

 

31 mars

 

Ambiance brouillard pour notre viree dans les Meteores, le temps ne s'est guere ameliore. C'est un peu dommage, mais ca donne un petit air de chateaux ecossais, ca change. Malgre ca, tous ces pitons rocheux vermoussus, avec ses quelques monasteres encore actifs (il en reste 6) et en tres bon etat, en font un site vraiment unique et plein de charme. Et au moins, on n'est pas genes par les autres touristes en grimpant les escaliers. On s'arrete au premier monastere, Rassanou. On a depasse largement l'heure de fermeture - ecole oblige- , mais la gentille nonne, tout de noire vetue, nous laisse entrer et visiter : la partie habitee est toute en bois, les enfants croient d'ailleurs que c'est un hotel. La chapelle, minuscule, est magnifique - dans son genre : tres sombre, rouge et noire, et recouverte entierement de fresques evoquant differents martyres et les tortures dont ils ont ete victimes... C'est surprenant et un peu 'gore' : l'un se fait decapite, un autre est enchaine sur une roue qui passe sur des pointes,... On ne profite que quelques minutes des balcons tout autour. Les enfants repartent chacun avec une jolie icone de 'la vierge et l'enfant' que leur a donnee la religieuse.

Quelques virages et nuages plus loin, le monastere de Varlaam, sensement le plus grand... mais du parking, on ne voit meme pas la passerelle qui mene a l'escalier qui monte sur le piton roncheux... Bon, ben on va en rester la...

On reprend la route, d'abord des petites qui sillonnent une campagne plutot austere, genre Lozere en novembre, puis on rejoint les grands axes pour Thessalonique. On passe le Mont Olympe sans le voir, tant pis. Il fait nuit, la ville est super animee, ca contraste avec la region tres rurale et peu habitee, que l'on vient de traverser. Le bord de mer est super encombre de voitures (visiblement, les grecs aiment sortir au restau!), pas de place pour se garer, on continue sur la cote, un peu a taton dans la nuit, jusqu'a Ormos Epanomis, un petit village en bord de plage. Les grenouilles on remplace les klaxons. Au matin, on decouvre une petite lagune au bord de la plage, quelques pecheurs en bateau. Malheureusement, le bord de plage est couvert d'ordures - ca devient une classique... - , ca n'engage pas a une ballade plus longue.

Kavala, plus loin sur la cote, se revele une petite ville plus sympa. Un port de peche bien actif, une vieille ville en hauteur marquee de la presence turque d'il y a quelques siecles, une petite promenade sur les rochers au soleil, des specialites culinaires a manger sur le pouce (feuilletes a la feta, aux epinards,...)... Le soir, on tombe au hasard dans un petit restau de grillades. Le patron adorable qui parle francais (il a passe quelques annees au Cameroun) est un peu etonne de nous voir debarquer avec des enfants, hors saison, et dans une region ou peu de touristes etrangers vont. La salle est une ancienne petite eglise, murs en pierre et coupole ornee d'un magnifique lustre (la Turquie n'est pas loin!). Le patron nous sert a meme la table differentes viandes grillees et pommes frites maison, on adore.

 

On pousse encore un peu plus a l'est... et finalement aucune ville ne nous retient vraiment : autant passer en Turquie avant la nuit !  

 

28 mars

 

Voila maintenant une semaine que la Grece nous a accueillie au petit matin,  apres une nuit de traversee bien tranquille de la Mer Adriatique. Nous laissons bien vite Patras derriere nous pour nous poser quelques heures le long d'une longue plage un peu sauvage et quasi deserte du Nord Ouest du Peloponese, a Kalogria. Ecole pour les unes, construction d'un bateau pirate pour les autres... L'eau est encore un peu fraiche, mais le soleil chauffe bien. Un papy qui passe par la nous vend ses oranges et ses olives, en melangeant quelques mots d'allemand aux grecs, mais on se comprend...

 

Quelques heures plus tard nous trouvons a Olympie ze emplacement de reve pour y passer la nuit : une place aux dimensions de l'Oustaou en bordure d'une petite route bien calme, juste au dessus du premier stade olympique de l'histoire. Encore un moment de belle magie... avec, cerise sur le gateau, les voix de Brice et Violene a l'autre bout du fil, histoire de feter  l'anniversaire de Vio et de se rememorer de jolis souvenirs partages ici... quelques 20 ans plus tot !

La visite du site archeologique du lendemain est tout aussi magique. Si Grenoble est sous la neige, Olympie, elle, fete joliment le printemps. Les ruines sont entourees d'une multitude de fleurs au sol comme sur les arbres. Le soleil chauffe. Trop beau ! Et toujours ce grand privilege de pouvoir voir tout ca hors saison : nous ne sommes pas seuls, mais pas loin...

 

Notre guide vante la beaute des Gorges de Lousios un peu plus au centre du Peloponese. Nous nous y rendons donc sous un ciel moins clement. Nombreux travaux sur la route qui rendent la conduite un peu hasardeuse : une seule voie sur plusieurs centaines de metres, c'est parfois un peu chaud... Halte de nuit et sous la pluie a Dimitsana au sommet des Gorges. La temperature s'est nettement rafraichie ! Avec les nuages gris et bas, on n'a pas trop envie de faire du tourisme dans le village, du coup on reprend la route au matin.

 

Journee paumatoire le lendemain. Les panneaux ecrits uniquement en grec ont eu notre peau et nous nous retrouvons sur de petites routes sinueuses et bien etroites.  Les routes ne sont pas vraiment a la dimension de l'oustaou. On passe un petit pont en pierres a quelques centimetres pres... pour realiser un peu plus tard qu'on s'est goure de versant pour descendre les gorges, mais plus la place de faire demi-tour ! - l'avantage, c'est que d'en face on peut mieux voir les quelques monasteres accroches aux parois ! L'asphalte s'arrete parfois d'un coup et nous voila sur de jolies pistes avec pour seuls et rares compagnons de jolies geais et les troupeaux de chevres qui paissent au milieu des oliviers, des cypres et des chenes. Personne na eu l'idee de prendre la meme route en sens inverse (ni dans le meme sens d'ailleurs)... et c'est tant mieux ! Quelques cinquante bornes parcourues en plusieurs heures pour seulement quelques kilometres a vol d'oiseau... Nous celebrons notre sortie de ce (joli) no man's land a Megalopolis (petite ville contrairement a son nom) autour de pitas souvlaki (sorte de crepes fourrees avec de la viande, des tomates, des oignons et du tsatsiki) et d'une salade grecque.

 

Direction Nauplie, jolie petit ville en bord de mer. La pluie ne nous empeche pas d'apprecier un petit tour dans des ruelles pleines de charme, mais ne nous encourage pas a monter jusqu'au fort qui surplombe la ville et la rade. Vu le nombre de restaus et de boutiques, ca doit etre sacrement anime en ete ! En attendant, la neige a saupoudre pendant la nuit les montagnes que nous avions traversees la veille pour venir jusqu'ici...

Nos voisins camping caristes francais (si, si, ca arrive) pourraient passer des heures a nous faire partager leur savoir en matiere de  protection de camping car  contre les vols et agressions diverses et variees (vous connaissez vous le coup de la balle de tennis trouee pour neutraliser l'ouverture centralisee des portes ? et le coup de cuter place au bon endroit ? et...): pas-sion-nant !

 

Nous arrivons en fin de soiree sur le site d'Epidaure, le ciel est enfin degage. L'immense parking est desert (excepte quelques chiens qui copinent bien vite avec les enfants) et nous nous posons sous les pins parasols juste au dessus du stade grec. C'est sympa d'etre comme ca a l'ecart, et en meme temps c'est parfois un peu flippant d'etre trop isoles. On ne peut s'empecher de guetter les bruits alentours pendant la nuit. Et cette nuit la, on est gate car le parking sert visiblement de terrain de jeux pour pilotes automobiles amateurs...

 

Tres belle journee du lendemain. Le soleil est de retour. On en profite pour lezarder au soleil sur les gradins du magnifique theatre d'Epidaure construit sur le flanc d'une colline au milieu des pins et des oliviers, en face d'un magnifique panorama de montagnes. Puis balader dans les ruines du temple d'Asclepios (Dieu grec de la medecine) ou venaient se faire soigner les Grecs au milieu des serpents sacres.

 

Pour rejoindre Athenes nous quittons le Peloponese en passant au dessus du Canal de Corinthe. On a a peine le temps de l'apercevoir en passant sur le pont qui le domine. Le canal, impressionnant ouvrage du 19e siecle, est etroit. Juste de quoi laisser passer les gros navires et leur eviter le tour du Peloponese. Ca me semble un peu fou d'avoir creuse ce canal juste pour ca... et ca a du sacrement changer la donne pour ces coins de Grece qui devaient etre plutot tranquilles avec leurs petits ports de peche et qui voient maintenant defiler toute une armada de gros bateaux.

 

Traversee d'Athenes, avec vue sur l'Acropole qui se detache au sommet d'une colline en plein au milieu de la ville, jusqu'a Glifada au sud du Piree ou nous trouvons un petit coin tranquille pour la nuit. Balade en bord de mer au coucher de soleil avant de s'endormir au bord de la plage sous les pins parasols.

 

Journee suivante consacree a Athenes ou nous nous rendons en bus en laissant l'oustaou sur un parking aupres d'un sympathique vendeur de journaux. C'est le jour de la fete nationale et - surprise - l'Acropole ne se visite pas le jour de la fete nationale... Décidément... (C'est la deuxieme fois que je pars d'Athenes sans etre entrée dans l'Acropole...). Mais c'est pas grave, on passe de chouettes moments a se balader dans les vieux quartiers, de la Plaka a Monastiraki, les rues pietonnes de Syntagma et le parc d'Athenes, a monter sur la colline de l'Acropole et jouer avec des chats pas farouches, a decortiquer les graines de tournesol que Yael nous reclamait depuis plusieurs mois, a observer le curieux rituel des gardes grecs (la releve de la garde a Londres a cote c'est soft, ca manque de jupettes, de pompons et de jete de jambes !)... Et on arrive meme a ne pas tomber malades apres avoir ingurgite des jaunes d'oeuf d'un joli vert (eh oui, on ne peut pas toujours tomber sur des restaus appétissants...). Nais confond le verre d'Ouzo avec le verre de sprite : meme pas mal ! Pourtant il etait particulierement corse cet Ouzo... Apres seulement deux gorgees, j'ai experimente l'effet ascenseur : lente descente brulante le long des voies digestives et remontee immediate dans la tete. Apres l'effet chianti, l'effet ouzo... Pas evident pour grimper sur l'Acropole !

 

Nouvelle nuit bien calme en bord de mer, et reveil sous une jolie lumiere de printemps. En face, les pecheurs sont deja a l'oeuvre, et les gabians suivent ca avec interet. Chouette coin pour faire l'ecole, se tremper les pieds dans l'eau avant de reprendre la route.

 

Petit tour le long de la cote de l'Attique vers le Cap Sounion, au sud d'Athenes, pour jeter un coup d'oeil au Temple de Poseidon et ses belles colonnes, idealement situe au sommet d'une colline qui surplombe la mer pour celebrer le Dieu de la Mer. Vue magnifique sur les iles au loin, la cote au Nord... dire que la Turquie est tout au fond, ca nous donne une idee des km qu'il nous faudra parcourir. On arrive a Rafina pour la nuit, petite ville en bord de mer d'ou partent les bateaux pour les Cyclades. Le parking en bord de mer est garde apparemment, mais son gardien bien sympa nous laisse entrer a l'oeil. Enver (c'est son nom) est un Albanais arrive en Grece il y a 15 ans. Il dort dans sa cahute, en compagnie des 3 oiseaux qu'il a recueillis et qu'il nourrit a la becquee, et partage ses pitas avec les 3 chiots abandonnes qui dorment a la porte et font la joie des enfants. On essaie de communiquer en melangeant l'anglais a l'italien, c'est pas super efficace, mais le courant passe et ca me rappelle les contacts chaleureux avec les gardiens marocains ! Avant de se quitter, on s'echange des CDs, Louis Chedid contre une compil albano-greco-turque ...

 

Ecole devant la mer houleuse. Le vent s'est leve. Puis, petit arret a Marathon, celebre pour la bataille qui a donne son nom a l'epreuve olympique (l'histoire raconte que le soldat qui parcourut la distance des 42 km entre cette ville et Athenes, en armure, pour annoncer a Athenes la victoire des Grecs contre les Perses, mourut d'epuisement une fois arrive. On comprend mieux en voyant le relief escarpe qu'il a du parcourir ...). Mais on ne trouve pas vraiment matiere a s'arreter, d'autant plus que la signaletique hasardeuse nous emmene a nouveau la ou nous ne voulions pas aller...

 

Au nord, les nuages commencent a grossir et noircir, c'est pourtant par la que l'on continue notre route (eh oui, on a un rendez-vous prevu le 8 avril a Istanbul, alors faut pas mollir !...). Quelques km de virages, petites routes et de villages perdus en hauteur, avant de rejoindre l'autoroute jusqu'a Lamia 200km plus haut, ou l'on se pose sur un parking en centre ville. C'est pas le coin de reve, mais c'est calme et ca ira bien pour la nuit. On enchaine au matin vers les Meteores, 150km plus au nord. La route n'est vraiment pas folichonne, virages de montagnes puis grande plaine, routes en travaux un peu partout, les stations d'essence alternent avec les entreprises de travaux publics, les concessionnaires de camions, casses-auto ou decharges sauvages, des bidonvilles memes a 2 reprises (d'ou viennent ces gens ?? grecs ? d'europe de l'Est ? ...), tout ca sous un ciel gris et bas... Ambiance un peu cafard... C'est sur c'est pas la Grece lumineuse et coloree des cartes postales... A l'arriere, les enfants continuent, impertubables, a taper le carton, a battre leurs record au yam, ou a mater des DVDs... On avise un camping au pied des Meteores - qui ont la tete dans la brume- , on est visiblement les seuls, la patron bourru debarque une heure plus tard. On peut passer la nuit. Ca pele serieux. Soiree DVD en perspective ...